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Sur scène

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Les mangeuses d'hommes, Daniel Colas, 1988.

1983

Les mangeuses d’hommes

Après une année au Cours Florent, j’ai démarré au Café-Théâtre dans une comédie légère, « Les mangeuses d’hommes ». Trois filles en maillots de bain sur une île déserte qui bouffent le dernier homme restant, c’est alléchant ! La pièce marchait bien, elle s’est jouée des années avec un turn-over incessant de comédiennes pas trop mal gaulées… J’y suis restée 6 mois et j’ai même eu la chance de partager l’affiche avec Chantal Ladesou qui avait déjà à l’époque sa truculente personnalité et auprès de qui j’ai beaucoup appris. J’avais 18 ans, je faisais mes classes, je surveillais mes kilos mais je me régalais…

1988/89

Avant l’Ex-femme de ma vie

J’ai 22 ans, je me suis donc forgée au Café-Théâtre, j’ai fait le Festival d’Avignon Off dans un vaudeville, le rôle d’une soubrette dans un Courteline, je glanais des petits rôles ça et là, tout partait comme sur des roulettes et puis bam ! Patatras. Je me casse le genou, la grosse tuile, le vrai coup de « pas de bol », j’en prends pour 6 mois.… Je me retape, je reprends du service, je tourne dans des pubs, je fais de la figuration, parfois même des silhouettes le rang au-dessus, un peu mieux payé parce qu’avec quelques lignes de texte ; des films industriels, ceux destinés aux entreprises et qui restent en interne, ceux que le grand public ne verra jamais, mais bon… en y repensant, c’est pas plus mal, c’était rasoir…​    

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L'Ex-femme de ma vie, de Josiane Balasko - 1988 - Splendid
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Moi, à 22 ans, jeune et fraiche et j'ai un bon coiffeur

J’interprète des rôles secondaires dans diverses séries télévisées, je fais mon petit bonhomme de chemin puis audition pour une nouvelle pièce de Josiane Balasko, je suis terrorisée. Pourquoi suis-je terrorisée ? Parce que peu de temps auparavant, j’avais tourné quelques jours avec elle et Thierry Lhermitte sur « Nuit d’Ivresse » et elle m'avait associée à une conne que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, en gros elle me détestait parce qu’en plus, j’étais blonde et j’avais une belle avant-scène… Durant toute cette période, pour beaucoup, je représentais le cliché parfait : la blonde gentille, à gros seins et pas très futée, de celles qui, dans un dîner mondain, font réchauffer les sushis au micro-ondes par exemple…Donc j’arrive en haut des escaliers, je sonne, Josiane, la vraie, ouvre ; en la voyant, je rate la dernière marche et je m’étends de tout mon long à ses pieds avec les photos de mon book qui se font la malle sur le paillasson façon éventail argentin. Totalement ridicule. La honte. Je n’ai qu’un désir, qu’un seul vœu : disparaître à tout jamais et que le tapis de sol aspire jusqu’à la moindre particule de mes cendres… Mes gambettes flageolent mais je me redresse, je joue la scène, « merci, au revoir, on vous appellera », qu’est-ce que je peux la détester cette phrase… J’attends sans attendre -tellement sûre d’attendre pour rien tellement j’ai été à chier-, je vis l’enfer et je me venge sur tout ce que je trouve sur mon passage qui a un rapport avec l’alimentaire.Et bingo ! Non, Miracle ! Josiane her-self m’appelle et m’engage pour la création au Théâtre du Splendid de « L’Ex-femme de ma Vie ». Apparemment Josiane, détectant peut-être au fin fond de mon balconnet mon haut potentiel comique, a eu l’intelligence de passer outre sa première impression pour me proposer un des plus beaux rôles de ma vie : une pompiste groupie d’un écrivain spécialisé en romans gores.

Fallait le trouver ! Merci Josy !​​

Et bien sûr, je ne peux pas parler de l’Ex-Femme de ma vie sans évoquer mes merveilleux partenaires, Jane, Thierry et aussi Daniel Berlioux, le 4ème lascar de la troupe. Qu’est-ce qu’on a ri ! Et pour une jeune débutante de l’époque, vous imaginez la chance que j’ai eu de tomber sur de si belles personnes, simples et bienveillantes… Jane, si drôle parce que toujours empêtrée dans le fatras de sa vie et toujours suive de sa chienne Betty, un dog anglais me semble-t-il, un modèle trapu, court sur pattes en forme de boudin qui lâchait des vents, mais des vents à tout bout de champ, elle nous enfumait les loges, c’était une horreur. Je suis allée voir Jane en concert bien des années plus tard, Betty n’était plus bien sûr, mais Jane lui avait trouvé une digne successeur, Dolly, même modèle, même gabarit, mêmes les pets pourris, même odeur. Jane était une fidèle, et ça la faisait beaucoup rire...


 

Et Thierry ! Ce rayon de soleil de Thierry qui, tous les soirs, donnait le ton grâce à son inaltérable bonne humeur, son amour de la blague, son rire communicatif, ses yeux azur pétrole toujours rieurs ; sur scène, nous avions souvent, sur scène, du mal à réprimer nos fou-rires. Nous étions une petite troupe, la pièce cartonnait et nous étions toujours tous très heureux de nous retrouver dans les loges avant la représentation. De surcroît, je voyais défiler Anémone, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Dominique Lavanant… Que demander de mieux ? Quel bonheur d’avoir poursuivi mon apprentissage avec vous tous… Merci, merci ! Mais attention : pendant les répétitions et parce que c’était une création, Josiane était aussi très dure dans le travail, d’une intraitable exigence. À mes débuts, je pleurais facilement pour des rôles mais rire était plus compliqué. Josiane avait tout de suite repéré ma faille alors durant les répétitions, quand Thierry et Jane travaillaient leurs scènes sur le plateau et moi, assise dans la salle sur du velours rouge à me délecter, elle m’envoyait régulièrement un : « Ris Cécile, ris ! ». Et je devais rire franchement de bon cœur, et au début, j’étais nulle, je riais ridicule, on aurait dit une agnelle à l’affût d’une tétine… Et puis j’étais encore terrorisée, je me disais : « c’est sûr, elle m’a engagé pour être son souffre-douleur ». C’était mal la connaître ; elle était d’un professionnalisme exemplaire et si elle me « torturait », ce n’était que pour me faire progresser. Et donc être meilleure dans la pièce aussi…   Retrouvez la pièce en intégralité ici. 

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Photo de répétition - Cécile Auclert et Thierry Lhermitte
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Source : Wikipédia. Théâtre des deux ânes à Paris

1999

Le Théâtre des DEUX Ânes

En 1999, j’ai eu la chance de côtoyer les chansonniers du Théâtre des « 2 ânes », Jacques Mailhot, Jean Amadou, Jean Roucas… Les vieux de la vieille, d’une cruauté sans borne sur scène dans leurs sketchs politiques mais d’une gentillesse et d’une douceur extrême derrière le rideau. J’alternais les personnages, une nonne à cornettes, une hippie dévouée corps et âmes à la CGT, des personnages étranges, pas si simples à inventer… J’ai même endossé la perruque et le tailleur de Bernadette Chirac, sage comme une image avec son petit sac à main sur les genoux. Une fois encore, un cliché mais intelligemment railleur. Alors oui, j’ai aussi beaucoup appris avec ces corrosifs de la vie politique, et comme j’étais à l’époque une vraie bille sur le sujet, je les en remercie… J’ai un peu honte de le dire mais je ne suis pas certaine, 25 ans après, d’avoir beaucoup progressé sur le sujet. C’est qui la droite ? Elle est où la gauche ? C’est qui les méchants ? Ils sont où les gentils ? Non, désolée, mais je m’y perds…

Après, la vie m’a asséné un terrible coup du sort alors patatras, bonjour les dégâts et j’ai quitté Paris avec ma fille sous le bras, direction le Sud, une île, Porquerolles. J’y suis restée presque deux ans et c’est là que j’ai créé mon premier cours de théâtre pour les enfants du village. J’avais 16 élèves, ils avaient à peu près de 7 à 15 ans, je les retrouvais deux fois par semaine après l’école, un soir les minots, un soir les ados ou pré-ado et franchement, nous nous sommes tous éclatés ! Depuis, j’ai toujours continué à enseigner par période ; c’est un plaisir, et même une nécessité pour moi de partager ma modeste connaissance du théâtre, qu’est-ce que j’aime ça !

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