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154 épisodes ne se résument pas en 154 mots

Les Filles d’à Côté

Ahhh ! Ma Gloire ! Ma Renommée !!!!! Nostalgie d'une époque où la magie opérait dès que le générique apparaissait à l'écran. C'est là que le sitcom "Les filles d'à Côté" a changé ma vie de comédienne, de 1993 à 1995. Je vous amène dans les coulisses de ce phénomène français qui a marqué une génération. Prenez une boisson, installez-vous confortablement et poursuivez la lecture !

Les Trois Grâces

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Vous imaginez bien que je n’ai pas le moindre souvenir de la teneur de cet épisode mais visiblement, les trois filles passent un concours mais de quoi ? De fortes chances que le défi à relever ait quelque chose à voir avec la piscine, la plage ou quoi que ce soit qui ait une relation avec le nautisme. On ne s’exhibe pas avec une bouée en plastique pour aller assister à un récital de Chopin…

1993 donc.

Je sortais de mon interlude grossesse/bébé/maman, et me voici embarquée sur une nouvelle série pour TF1, une sitcom, avec rires enregistrés, sur les déboires quotidiens de trois filles et deux gars voisins sur le même palier avec, en sus, une salle de sport tenue par un coach très euh… très précieusement prévenant…

On y est allé sans savoir où on allait, et puis ça a cartonné.

Nous tournions 1 épisode par jour, 3 décors principaux, 3 caméras sur roulettes, ça carburait. On y est allé sans savoir où on allait, et puis ça a cartonné. On a même fait la couverture de Télé 7 Jours, dis-donc ! Des vedettes de télé on a été ! 


Bien sûr, aujourd’hui, tout ça ne parle plus à grand monde mais au début des année 90, croyez-moi, ça se posait là ! Trente ans ont passé, les images sont encore diffusées via un satellite mais lequel ? Toujours est-il que ce qui me touche aujourd’hui, c’est que ceux ou celles qui me reconnaissent encore au passage de leur vie sont toujours joyeux, ils m’abordent toujours avec grands sourires et paillettes dans les yeux. Ils sont toujours contents de me voir. Et ça, c’est un super cadeau.

 

Alors oui, avec Les Filles d’à Côté, je suis heureuse d’avoir laissé une petite trace de gaité sur la patine de leur vie…. 

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Rien qu’à voir nos bobines, la situation est terriblement angoissante, voir critique… Magali est à deux doigts de l’apoplexie, Claire est dynamiquement en plein stress… Et moi, comme d’habitude, je tempère, hum… j’ai quand même l’air ennuyée, voir même inquiète…

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Donc, vu les costumes, forcément le même jour puisque nous tournions un épisode par jour même si parfois nous repartions au pas de course aux loges pour changer de tenue, pour aller au sport ou en cas d’extrême nécessité. 

 

A la salle de sport donc, comme nous pouvons le voir, avec deux autres personnages primordiaux de la série : Gérard et Madame Bellefeuille. Ça bosse, ça bosse, chacun est bien dans son personnage, surtout Claire, qui est à deux doigts de brouter le bouquet…

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Mon dernier épisode toujours. Ma dernière confidence à Gérard.

 

"-Tu vois Gérard… C’était tellement merveilleux toute cette verdure, ces petites fleurs, ces grands arbres, ces bosquets de ronces où cueillir des mûres mures… 

-Ma chériiieee ! Oh, là, là ! J’sais pas comment t’as fait… Moi, j’aurais pas pu…

-Non, toi non, bien sûr mais… Je t’assure, la nature, les animaux, y a que ça de vrai. Je crois que j’ai trouvé mon Eden, Gérard. Avec ou sans Maurice, je dois partir, je dois m’ancrer dans le sol sur une terre qui sera la mienne, tu comprends?

-Euh… ouiii… de loin… En même temps, pour s’ancrer dans le sol, il vaut mieux être sur Terre, non ?"

 

L’implacable logique de Gérard ; un personnage haut en couleur qui est devenu très populaire, parce que c’était une première à l’époque d’afficher avec une telle aisance son exubérance tout en affichant clairement son homosexualité. Il jouait un personnage bien sûr. Tout ça en « Access prime-time », c’est-à-dire à l’heure des devoirs, pendant que les ménagères déballent les courses, les rangent et se demandent ce qu’elles vont bien pouvoir faire pour le dîner ce soir, Monsieur est difficile, tout en zyeutant d’un œil enjoué les péripéties de ce Musclor et des filles à côté. Aujourd’hui, c’est peut-être très cliché mais en 92/93, c’était plutôt gonflé. Comme les muscles de… 

 

Pour répondre à la réplique de Gérard, en peu d’explication et quand l’auteur est en panne, il écrit : « Tête de Fanny ». C’est écrit, c’est sur le texte. Ce qui veut dire que le dernier gros plan sera sur moi et que je dois trouver une mimique en rapport avec les dernières révélations de l’intrigue pour conclure la séquence. Une minauderie mi-figue, mi-raisin, si possible saupoudrée d’une once de suspens, avant d’envoyer le célébrissime jingle : « Ta-la-ta-la-ta-la-ta-laaalaaaa-la ». Tout un art !

Alors ce look-là n’est apparu qu’une seule et unique fois dans la série et c’était pour mon final. Septembre 1993, je rentre de vacances normales -je veux dire avec homme et enfant dans un chalet familial sur le versant nord d’un des contreforts des Hautes-Cévennes, genre- et la production et moi-même avions déjà convenu bien en amont -et non pas en amont de cet autre contrefort du versant sud des Hautes-Cévennes- que je ne revenais que pour quelques épisodes, histoire de négocier une belle sortie quand j’allais quitter définitivement la série.

 

Et le temps de passer le bâton à ma remplaçante, un genre de passage de relais en quelque sorte. Très finement, les scénaristes -en l’occurrence un scénariste, Jean-François Porry, l’auteur et l’un des deux producteurs, avaient justifié mon départ par ma rencontre à la gare de Lourdes avec « un homme merveilleux, qui vivait à la campagne, loin de tout, qui me jouait de la guimbarde, berçait ses agneaux et me susurrait des mots doux. »

 

Alors pour ma sortie, ma dernière apparition dans la série, j’ai endossé une guitare, exagéré le trait à outrance et imposé sur un ton totalement éthéré cette réplique devenue culte pour ma fille : « Ah, les filles ! Si vous saviez ! La nature ! Les animaux ! » Et je ponctuais le tout d’un « glang » de guitare totalement désaccordée. Totalement ringard mais je n’oublierai jamais cet épisode. C’est ce qu’on appelle une belle sortie.

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